Étienne Malécot, la suite !

En mai 2015, j’effectuais une enquête la plus complète possible sur un poilu qui m’était jusqu’alors totalement inconnu,  le dénommé Étienne Marius Alban MALÉCOT, mort pour la France le 23 septembre 1918.

Presque un an après mon enquête, plusieurs membres de la famille me contactèrent. Après quelques échanges fort sympathiques, ils eurent la gentillesse de me transmettre deux photographies de leur grand-père.

Sur la première, Étienne pose, endimanché, pour une photo hélas non datée. Tout de même, quelle émotion de découvrir le visage d’Étienne après ces journées de recherche sur son cas !

Étienne MALÉCOT, photo non datée (© Archives Famille Malécot)

Étienne MALÉCOT, photo non datée (© Archives Famille Malécot)

La deuxième photo va nous fournir quelques détails intéressants…

Grâce aux recensements, j’avais appris qu’avant la Première Guerre Mondiale, Étienne Malécot travaillait pour la société O.T.L. (« Omnibus et Tramways Lyonnais »). L’un de ses arrière-petits-fils m’informa qu’il était contrôleur de la ligne 11, dont voici le trajet, en rouge, sur la carte ci-dessous.

Plan du réseau de tramway de l'OTL en 1928, en rouge, le trajet de la ligne 11 (source : Annuaire des Chemins de fer et des Tramways (ancien Marchal) : Édition des réseaux français, Paris, 1928, 43e éd., 1334 p. Wikimedia Commons)

Plan du réseau de tramway de l’OTL en 1928, en rouge, le trajet de la ligne 11
(source : Annuaire des Chemins de fer et des Tramways (ancien Marchal) :
Édition des réseaux français, Paris, 1928, 43e éd., 1334 p. ; Wikimedia Commons)

Cette ligne a existé de 1890 à 1951. Longue de 5,5 km, elle débutait sur la place Bellecour, franchissait le pont de la Guillotière, empruntait le cours des Brosses (aujourd’hui Gambetta) jusqu’à la place de l’Abondance (aujourd’hui Aristide Briand) où elle se séparait de la ligne 2, puis empruntait la rue du Château (aujourd’hui avenue Félix Faure), entrait sur Villeurbanne place des Maisons Neuves. Elle longeait alors la rue des Maisons-Neuves (aujourd’hui Jean Jaurès), traversait la place de la Mairie (aujourd’hui Jules Grandclément) et suivait la route de Crémieu (aujourd’hui rue Léon Blum) jusqu’au Bon-Coin. Son dépôt était situé à Montchat, route de Genas.

Le petit-fils me transmit également une photo sur laquelle on distingue Étienne (dans le tramway, 3e à partir de la gauche), accompagné de ses collègues.

Étienne Malécot (3e personne dans le tramway à partir de la gauche, croix en dessous) conduisant l'ancienne ligne 11 du tramway lyonnais (© Archives Famille Malécot)

Étienne Malécot (3e personne dans le tramway à partir de la gauche, croix en dessous)
conduisant l’ancienne ligne 11 du tramway lyonnais (© Archives Famille Malécot)

Grâce à la chance, je pense avoir retrouvé le lieu précis où ce cliché a été pris. Voyez ce détail en haut à droite de la photo précédente :

Détail de la photo précédente

Détail de la photo précédente

Le site des Archives Municipales de Villeurbanne propose en ligne une très belle collection de cartes postales anciennes. Voici celle représentant le terminus du Tramway, au « Bon-Coin », à Villeurbanne, précisément au bout de notre fameuse  ligne 11 :

CPA Villeurbanne - Bon Coin - Terminus du Tramway (source : Archives Municipales Villeurbanne, 2 Fi 147)

CPA Villeurbanne – Bon Coin – Terminus du Tramway
(source : Archives Municipales de Villeurbanne, 2 Fi 147)

Sur le côté droit de la carte postale, on distingue bien le début de l’enseigne, les lettres « CAFE » de « Café du Nord », la lettre « J » du dessous, ainsi que  le poteau situé juste devant.

On lit relativement bien également le panneau de la « route de Crémieu » (ancien nom de l’actuelle rue Léon Blum).

Je me prends à imaginer qu’Étienne venait peut-être se détendre ici à la fin de son service, soit au Café du Nord, tenu par J. Pichot (peut-être pour une partie de boules lyonnaises ?), soit au « Bar du Tramway » situé juste en face.

Pour les curieux, voici à quoi ressemble le carrefour aujourd’hui. Il est certain que le quartier a bien changé, mais il y a  toujours un café !

Croisement rue Léon Blum et rue Pierre Baratin - Villeurbanne (© Google Street View)

Croisement rue Léon Blum et rue Pierre Baratin – Villeurbanne (© Google Street View)

Enfin, je vous livre une dernière information fournie par le petit-fils d’Étienne, qui m’a fait froid dans le dos :

Ma grand mère (« Mémée Génie ») nous a toujours affirmé que lors de l’exhumation du corps d’Étienne, en 1921 ou 1922, elle avait constaté que ce n’était probablement pas son époux enterré sous ce nom car la caractéristique reprise dans les rapports médicaux (absence de dents), n’existait pas. Le corps de son mari se trouve probablement dans une tombe située à proximité.

J’imagine que cette erreur sur le corps qui est officiellement enterré n’est pas unique en son genre, quand on songe aux centaines de milliers de malheureux enterrés dans ces immenses nécropoles…

 

Merci à toute la famille Malécot pour les informations et les photos qu’ils ont bien voulu me confier pour la rédaction de cet article.

Pour aller plus loin

6 réflexions sur “Étienne Malécot, la suite !

  1. Pingback: Enquête sur un soldat inconnu | Des Aïeux et des Hommes

  2. Très contente de vous lire à nouveau! Vos écrits sont toujours aussi intéressants, merci pour ce retour dans l’histoire.

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  3. Bonjour
    Un petit renseignement : Un transfert des dépouilles de militaires du cimetière de Glageon à la nécropole d’Assevent a eu lieu le 18/03/1923 mais nous n’avons pas la liste des soldats français.
    Me communiquer votre adresse mel pour vous expédier éventuellement des fichiers.
    JD

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